Louise Gaggini

N. Sarkozy et son seuil de compétence…

Un seuil de compétence ou d’incompétence est le niveau au-dessus duquel un individu n’a plus les capacités pour comprendre parfaitement les situations. Et donc les gérer.

Et c’est le cas de Monsieur Sarkozy. Hier soir, dans cette bataille de communication qu’il livrait pour reprendre une main perdue dans sa précédente prestation télévisée, il s’est enfoncé un peu plus dans la démonstration de son incompétence.

Je dois dire à sa décharge que ce n’est pas de sa faute. Vilain petit canard d’une famille de grands costauds, il avait des choses à prouver, et il les a prouvées. Il voulait l’argent, le pouvoir, la puissance. Ce que le monde produisait qu’il pouvait acquérir, il l’aurait. Et il démontrerait qu’il était « le plus grand ». Il l’a fait. Et nous l’avons plébiscité par défaut parce que ni Dominique Strauss Kahn ni Laurent Fabius n’ont été proposés. La gauche à une sacré responsabilité dans les difficultés d’aujourd’hui, à croire qu’elle l’a fait express pour mieux reprendre les rênes après un désastre prévisible. Mais je ne crois pas, il lui aurait fallu plus de perspicacité qu’elle n’en montre. À gauche comme à droite, les hommes et femmes politiques affichent leurs limites intellectuelles. En fait ils sont issus de cette génération où le combat « idéologicoaffairiste » consistait à récupérer « tout » pour eux-mêmes.

Sans tomber dans une démagogie arbitraire qui voudrait des hommes purs aux sommets des états, je leur accorde sans complexe le droit de rouler pour eux, s’ils roulent aussi un peu pour les autres.

Mais revenons à notre propos et à l’impossibilité de N.Sarkozy à comprendre et à appréhender les problèmes sociaux.

Il ne peut pas et ce n’est même pas de sa faute. Il est dépassé, suranné. Le fruit d’une époque qui ne reviendra plus de la même façon.

Alors que la crise mondiale a été produite par un capitalisme débridé et qu’il lui faudrait, au moins, repenser sa communication, laisser un peu croire qu’il a compris ce qui se passe et qu’avec son gouvernement il va être au rendez-vous de l’histoire et des Français, il se tient statufié dans les mots qui l’ont porté à la Présidence et incapable d’en inventer d’autres. Incapable d’envisager un autre monde que celui qui l’a formaté. Persistant à laisser entrevoir un retour à la consommation d’hier.

Rigidifié sur ses acquis, il parle encore de travail récompensé, donne « 38 euros » par personne pour surmonter les difficultés du pouvoir d’achat et montre à des millions de téléspectateurs un visage fermé où le regard vacille.

À l’évidence Monsieur Sarkozy a atteint son seuil de compétence. Mais en plus de n’être idéologiquement pas adapté au tsunami qui écrase la planète, il a par personnalité un grand mépris pour ses subordonnés. Ce qui l’empêche d’écouter ceux qui pourraient l’aider dans sa fonction présidentielle.

Il est allé jusqu’à mettre en place un système pour les noter (mais s’est exempté de ces notations, en maître d’école, vous savez, de ceux qui tapaient sur les doigts des enfants il y a quelques années) et je me demande comment on va pouvoir s’en sortir. Comment la France va pouvoir se tirer de ce mauvais pas sans prendre les rues d’assaut au mieux, et au pire en fracassant les vitrines et la police.

Changer les hommes pour changer le monde est un challenge dangereux, mais parfois nécessaire. Aujourd’hui la France entière sait qu’elle s’est fait avoir, seulement si les conditions semblent requises pour que cela se produise, le problème est, pour qui ?

A droite ou à gauche même combat préhistorique, alors, alors inventer un autre monde ?

Le danger est que c’est toujours dans ces moments-là qu’émergent les dictateurs.

Ainsi va la cruche à l’eau et les hommes vers leur devenir…En vrac.

Sans doute à la grande frustration de tous les va-t’en guerre et des jeunes révolutionnaires cités plus haut qui voient s’envoler leur désir d’en découdre, l’Égypte et le Moyen-Orient dans son sillage sont pour quelques heures, pour quelques jours peut-être dans ce statu quo d’où la paix peut émerger, si tant est que les événements Egyptiens étaient de l’ordre de la guerre. Une paix donc, à discuter et à implanter, dangereuse avec un islamisme apparemment modéré, mais dépendant d’une autorité fondamentaliste qui pourrait amener de la nourriture et une meilleure prise en charge sociale, mais aussi un encadrement impropre aux libertés d’être, de penser et d’agir. Le poids de la religion alors pourrait peser lourdement et s’étendre dans cette partie du monde, avec tout ce que cela comporte d’envahissement par osmose ailleurs.

Mais, et après tout, la religion chrétienne a procédé de la même façon et après de nombreuses exactions et hystéries diverses, a su développer des idées de sociétés, alors l’Islam, non dévoyé et manipulé, « politique » par essence et porteur d’une pensée universelle et humaniste, ressurgira peut-être de l’islamisme, aussi grand et lumineux qu’il le fut durant tant de siècles, avant qu’on ne le jette à la mer, avant les croisades et les croisés, dont les revendications morales, ont souvent disparues devant la cupidité. Un Islam tolérant qui autrefois cohabitait fraternellement avec toutes les religions, qui traduisait les textes grecs et apportait la culture ?

Mais, pour l’instant et dans la situation actuelle, seulement quelques heures et jours de répit, qui avec la volonté évidente des différents négociateurs d’éviter le chaos, pourraient s’étendre jusqu’au départ définitif de Moubarak. Un départ qui doit se faire dans le calme et dans le respect. Il en va de la dignité de l’Égypte et de l’image qu’auront d’elle un jour ses enfants. Il en va de ce qu’elle est capable de démontrer de ses forces vives au reste du monde. À notre si petit monde, qui a tant plébiscité de Robespierre, de Lénine, de Staline et même de Napoléon et de Pétain. Des dictateurs, des fous de culte de la personnalité qui au nom de la république, de la démocratie et des libertés, au nom de la morale toujours, ont réglé tant de comptes personnels et fait tant de morts. Des millions pour certains.

L’Occident n’a aucune leçon à donner au Moyen-Orient, qui dans un élan de survie, au travers des événements Egyptiens, vient de jeter sa gourme. Pas seulement vis-à-vis d’un Président autoritaire, mais aussi envers le monde entier. La capacité que vient d’avoir l’Égypte à entamer des négociations, hors ingérences et pressions étrangères, selon ses critères propres et entre Égyptiens, démontre une maturité politique et abandonne le monde international à ses frustrations guerrières. Un monde que je renvoie à la lecture du livre de Louis Lecoin « De prison en prison » qui passa 14 ans de sa vie, emprisonné, en France, pour seulement s’être posé en défenseur de la paix et contre la guerre, toutes les guerres, et dont je vous donne un extrait :

« Après Blanqui, qui passa 37 années dans les geôles de la Royauté, de l’Empire et de la République, je suis un de ceux qui demeurèrent le plus longtemps enfermés pour délit d’opinion. C’est surtout pour avoir haï la guerre avec vigueur, avec passion, que je fus si souvent condamné. Si ces mémoires ne vous déçoivent pas, si la plupart d’entre vous en tirent quelques profits, je m’en réjouirai. Je m’en réjouirais bien davantage si, après cette lecture, vous étiez convaincus que la guerre, ce crime contre les peuples, n’est jamais excusable. Je n’aurais pas perdu mon temps, en ce cas, ni souffert pour rien, moi qui depuis toujours place la cause de la paix si haut : hors des manigances d’un capitalisme insatiable, loin des croisades « idéologiques », et bien au-dessus des patries. »

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